On a souvent tendance à confondre ces deux termes et à les utiliser l’un pour l’autre sans distinction pour désigner un collaborateur. Pourtant, manager ou leader, chaque terme renvoie à des caractéristiques, des rôles et des aptitudes bien particulières. Explications.
«Le manager sait ce qu’il doit faire, le leader sait ce qu’il faut faire.» Cette phrase, écrite par les deux universitaires américains spécialistes du leadership Warren Dennis et Burt Nanus, résume peut-être à elle seule ce qui se cache derrière ces deux termes que l’on a souvent tendance à utiliser l’un pour l’autre. Si l’on se réfère aux simples définitions qu’en fait le dictionnaire, la distinction est claire: le manager est celui qui «organise, gère quelque chose ou dirige une affaire ou une équipe» tandis que le leader est «la personne qui, à l’intérieur d’un groupe, prend la plupart des initiatives, mène les autres membres du groupe, détient le commandement.»
Être leader sans être manager
Si ces deux profils de cadres sont indispensables pour atteindre la performance au sein d’une entreprise, ils ne sont cependant pas interdépendants: un manager peut accomplir sa tâche sans être un leader, et un leader peut s’imposer comme tel sans avoir de fonction de manager. Quand le premier, qui «agit», se situe dans une hiérarchie verticale, le second, qui «entraîne» et «motive», évolue selon une hiérarchie horizontale. Antonin Gaunand, conférencier spécialiste du leadership écrit sur son site : «Un leader n’est pas foncièrement meilleur qu’un manager, ni un manager qu’un leader. Ils sont les deux faces d’une même pièce, et sont indispensables au bon fonctionnement d’une entreprise. De bons managers sont nécessaires, afin d’organiser efficacement l’activité, mais également de bons leaders, afin d’entraîner et de motiver les équipes.»
Un statut attribué par la hiérarchie
Objectivement, le manager occupe tout d’abord une position de cadre qui lui a été confiée par sa hiérarchie. A la tête d’une équipe sur laquelle il exerce, de par son statut, une certaine forme d’autorité, sa fonction consiste à définir des objectifs en accord avec cette hiérarchie et à organiser son travail et celui de son équipe pour que ces objectifs soient atteints le plus efficacement possible.
Les qualités indispensables à un bon manager
-
Savoir prendre des décisions et fixer des objectifs
-
Être capable de déléguer et de faire confiance
-
Avoir le sens de l’écoute et du dialogue
-
Savoir se remettre en question
-
Gérer son stress
-
Être à même de gérer les conflits
-
Savoir motiver son équipe
-
Savoir s’adapter
Un leadership naturel
Aura, charisme… Alors que le manager jouit de son statut, le leader a tendance, lui, à marquer les esprits par sa personnalité, sa manière d’être, sa façon d’interagir avec les autres et non pas par sa position dominante dans la hiérarchie. Grâce à ses idées, ses décisions, ses actes, c’est le groupe, l’équipe, l’influence qu’il a sur eux qui lui donnent son pouvoir et non ses supérieurs. Là où la fonction du manager a tendance à s’imposer, la vision du leader, elle se construit. Dwiight D. Eisenhower, 34e président des Etats-Unis disait : «Le leadership est l’art d’obtenir de quelqu’un qu’il accomplisse quelque chose pour votre compte parce qu’il veut le faire.»
Autrefois considéré comme un trait de personnalité ou un style de management, le leadership est aujourd’hui perçu comme une compétence managériale, un soft skill qui peut être. Ou ne pas être. Pour Warren Bennis et Burt Nanus: «Le leadership est quelque chose que n’importe qui peut apprendre et dont n’importe qui est capable. Une grande majorité de personnes possèdent ces compétences mais seule une minorité les utilisent.» Un manque d’efficacité qui semble prouvé par un récent sondage de l’Université de Genève qui révélait que seul 20% des collaborateurs de Suisse romande sont accompagnés de managers «inspirants» qui leur donnent envie de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Dans un article du journal Le Temps, Steeves Emmenerger, fondateur du cabinet de conseils Emmenegger Compétences et consultant certifié PULSIONS écrit : «Pour qu’une personne parvienne à libérer ses talents de leader, il faudrait qu’elle puisse innover et créer, se projeter dans le futur, remettre en question le système, montrer ses différences et ses limites, voire ses faiblesses. Est-ce compatible avec les systèmes de gestion actuels de nos organisations qui privilégient la maîtrise des risques? C’est une évidence: la confiance et les marges de manœuvre diminuent tous les jours au profit des procédures et des contrôles. On dit que l’on naît leader mais qu’on devient manager à force d’être confronté à des contextes de travail qui nous enferment dans des structures organisationnelles trop rigides.»
Les qualités qui font un leader
-
Avoir une vision qui justifie les objectifs à atteindre
-
Prendre des risques, ne pas avoir peur du changement
-
Assumer entièrement ses responsabilités, ses réussites comme ses échecs
-
Savoir communiquer
Si le leadership a beaucoup à voir avec la personnalité, cette dernière n’est cependant pas un frein à son épanouissement: un contexte favorable, un cadre de confiance, des formations adéquates peuvent révéler le meneur qui sommeille en chaque cadre!